Thierry Mariani : souvenirs et carnet secret
Depuis vingt ans, notre collaborateur suit de près celui qui est aujourd’hui la tête de liste du Rassemblement national en Paca après avoir été ministre de Nicolas Sarkozy. Certains voudraient en faire un mercenaire de la politique. Raphaël Stainville s’est plongé dans ses carnets pour mieux redessiner son parcours, ses coups de blues et ses fidélités. Portrait impressionniste.
Les carnets de campagne ont ceci de précieux qu’ils permettent de réveiller de vieux souvenirs, qui, si nous ne les avions pas couchés un soir, sur une feuille, se seraient plus vite dissipés que les vapeurs de l’alcool. On y trouve la carte des alliances mouvantes qui se nouent dans les couloirs du Palais-Bourbon, les guerres secrètes que certains – la plupart – mènent pour asseoir leurs ambitions. Les trahisons des uns. Les fidélités des autres. L’ivresse des victoires. Le blues des lendemains de défaite. Autant de confidences qui, à défaut de nourrir des livres qui n’intéressent presque plus personne, donnent du relief et parfois même de la profondeur aux hommes et aux femmes qui ont fait don de leur corps et de leur âme à la politique et qu’il nous est donné parfois de portraiturer.
Thierry Mariani est l’un d’eux. Voilà près de vingt ans que son nom surgit, ici et là, dans mes carnets. Autant le confesser d’emblée avant qu’il me soit reproché d’avoir tu trop longtemps ce péché, j’éprouve une certaine affection pour le bonhomme, de la tendresse même. Et pas seulement parce qu’il fut le premier à m’initier à l’art de déguster le caviar à la petite cuillère avant de me faire découvrir plus tard, dans un salon VIP d’un aéroport moscovite, tandis que nous attendions que nos passeports soient tamponnés par les autorités russes, qu’il pouvait également s’apprécier à la louche.
C’était un soir d’octobre 2011, le 5, je crois. Thierry Mariani m’avait fait le plaisir de m’inviter dans une aile de l’hôtel de Roquelaure où lui, le ministre des Transports de Nicolas Sarkozy, partageait alors ses bureaux avec NKM, la ministre de l’Environnement. Une cohabitation plus pacifique que ne l’auraient fait penser leurs différences. Les socialistes se donnaient en spectacle à l’occasion du troisième débat télévisé de leur primaire. Thierry Mariani fourbissait ses arguments pour nourrir la réflexion de la cellule riposte que dirigeait Éric Ciotti.